dimanche 9 mars 2014

Les reines-guerrières arabes, introduction

Quelle que soit la civilisation et l'époque, les femmes ont tenu plusieurs rôles dans les conflits armés. Cette série d'article est consacrée aux guerrières du monde arabe et ce premier article se concentre sur la période pré-Islamique. D'autres articles concernant les périodes historiques postérieures seront publiés prochainement et seront toujours accompagnés de plusieurs biographies de femmes guerrières illustres. 
Pour accéder directement aux biographies de femmes guerrières, voici la liste des liens:
L'Impératrice Zénobie
Hind Al-Hunnud

La reine-guerrière, un rôle cérémonial qui cache parfois une vraie combattante


Il n'est pas rare d'entendre que la culture arabo-musulmane est infiniment plus misogyne que les cultures occidentales le sont. En effet, si l'on prend en compte le classement des pays selon leur respect des droits des femmes, on constate que de nombreux pays du Moyen-Orient sont au bas de la liste (il est également à noter que le fait qu'un pays soit en guerre, comme la Syrie, fait qu'il est d'autant plus hostile aux femmes). Pour autant, peut-on vraiment dire que cette misogynie est encrée dans la civilisation arabe et dans son Histoire ? Le cas des nombreuses reines guerrières des peuples arabes, présentes du temps de l'Antiquité jusqu'aux débuts de l'Islam (et aussi sous une forme plus moderne que nous évoquerons une autre fois), nous démontre que ce n'est pas aussi simple que l'on voudrait croire et que l'on aurait tort de penser que la civilisation arabe est historiquement plus misogyne que les civilisations occidentales l'ont été. Cet article vous propose une courte introduction sur la place des femmes guerrières arabes pré-islamiques et sera suivi d'autres articles présentant des exemples historiques.

La civilisation arabe pré-islamique était composée en partie d'une large confédération de bédouins organisant les routes commerciales traversant les déserts du Quart-Vide (actuelle Arabie Saoudite) et de l'Est du Sahara. Ces nomades tribaux se déplaçaient avec leurs caravanes de chameaux, cet animal étant la ressource primordiale en termes de nourriture, de transport mais aussi de pouvoir militaire.
Bien que le statut des femmes arabes ait subit de très grands changements avec l'avènement de l'Islam (cela dit pas de façon immédiate ni uniformément sur tout le territoire musulman, mais nous parlerons de cela dans un autre article), ces dernières possédaient un pouvoir considérable au sein de ces tribus. Il existait typiquement dans chez ces nomades des cultes de guerre autour des reines guerrières. Ces reines guerrières étaient célébrées au travers de rites, chansons, mythes. La tradition voulait que des femmes de haut rang, menée par une « reine-guerrière » (issue de la nobilité) attisent l'esprit patriotique et guerrier afin de motiver les hommes à partir au combat: les femmes avaient donc un rôle sacré dans les cultes liés à la guerre pour ces Bédouins. Sur le terrain, la « reine-guerrière », du haut de son palanquin, servait comme point de ralliement visuel et spirituel pour ses soldats. La capture de cette dernière par les troupes ennemies était perçue comme un mauvais présage ainsi qu'une grande honte pour la tribu. Néanmoins le rôle de ces femmes ne se limitaient pas toujours au rôle cérémonial (certainement inspiré par un héritage plus ancien de traditions arabes où les femmes avaient un rôle encore plus important dans la guerre) mais pouvait prendre également une forme bien plus concrète : des femmes arabes portant les armes (et s'en servant!) ont bel et bien existé durant l'Antiquité.


Les femmes ont donc tenu des rôles multiples durant les combats : figures rituelles, commandants militaires symboliques, « pom-pom  girl » motivant les troupes mais aussi véritables combattantes : de la guerrière armée jusqu'au général à la tête de plusieurs bataillons. Nous allons donc nous intéresser plus particulièrement à ces derniers aspects beaucoup plus actifs et moins symboliques en évoquant quelques exemples dans les articles à venir.

Source: 
Women Warriors, A History de David E. Jones, 2005.

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